" Hergé aurait sans doute pu s’inspirer de cette histoire, tant les ingrédients qui la composent sont comico-sulfureux, pour nous proposer un nouvel album des aventures de Tintin en Afrique… Après la visite en août dernier des « experts en dépollution », elle-même ayant été précédée par la signature d’un accord prévoyant le versement d’une coquette somme d’argent à l’Etat ivoirien par la société Trafigura (qui plaide et paye « non coupable »), la deuxième phase des opérations de dépollution des sites contaminés devrait démarrer… enfin.
L'Etat de Côte d'Ivoire et la société Trafigura auraient fini par trouver un compromis (dissipant les malentendus) et nécessaire à la reprise du nettoyage des sites contaminés. En ce début de semaine, on assistait en effet à la mise en place progressive des experts en dépollution des sociétés Biogénie, Burgeap, du cabinet Environ, ainsi que des équipements nécessaires à la réalisation de leurs tâches.
Je paie mais ... « c'est pas moi M'ssieu »
On se souvient, en effet, de la contestation par Trafigura de l'avenant au projet de dépollution, unilatéralement rédigé par les services de l'Etat. Ces derniers, commis pour superviser et contrôler la dépollution, avaient, dans un premier temps, contesté le rapport d'évaluation de la première phase de l'opération. Ce qui les a conduits, dans un second temps, à rédiger un projet de dépollution supplémentaire estimé à 250 milliards de F CFA. Cet avenant ayant immédiatement servi de pierre d’achoppement entre les deux parties… Mais tout ( ?) finit bien ( ???) et la population locale peut soupirer d’aise : la situation semble débloquée...
Cela étant, c'est peut être le moment de rappeler que les retards pris dans le démarrage des travaux étaient dus en grande partie aux incompréhensions entre la compagnie Trafigura et certains représentants des services de l'Etat.
En effet, les services de l'Etat commis pour superviser et contrôler les opérations, ont contesté certains points du rapport d’évaluation de la première dépollution. Ces mêmes structures étatiques avaient rédigé de façon unilatérale un document de projet de dépollution supplémentaire estimé à 250 milliards francs CFA à la charge de Trafigura, naturellement une telle proposition avait été contestée et rejetée. Cela dit, Trafigura aurait toujours été prête à jouer sa partition et surtout à matérialiser les différentes dispositions contenues dans le protocole d'accord signé le 13 février 2007 avec l'Etat de Côte d'Ivoire.
cet effet, le rapport d'audit réalisé par la société Burgeap sur la dépollution effectuée par Trédi à 22 milliards francs CFA, révèle que les déchets déversés n'avaient pas la toxicité décrite à l'époque des faits.
Burgeap : le superchampion du sauvetage
Sauveur de la situation, la société Burgeap semble tomber à pic ou du moins à point nommé... Burgeap, fondée en 1947, est une ingénierie indépendante, de 60 ans d'expérience. Spécialiste de l'environnement, de la santé publique, de la maîtrise de l'énergie et du développement des pays les moins avancés, elle réalise des études et l'ingénierie de projets : audits, conseils, mesures, maîtrise d'œuvre, assistance technique et réalisations clé en main. Plus de 20 000 références en France et dans le monde. Burgeap n'est pas à son premier contrat en Côte d'Ivoire. En 2002 déjà, elle avait réalisée une étude d'impact environnemental lié à la construction du troisième pont. A la demande de la SODECI, dans la même année, Burgeap a également réalisé une étude d'impact environnemental de la lagune Ebrié dans le cadre du système d'assainissement et de drainage des eaux de la ville d'Abidjan en tenant compte de l'évolution urbaine.
Le rapport de ce spécialiste, dont l'expertise dans ce domaine est connue mondialement, révèle que les « déchets toxiques ne sont pas à mettre en cause dans la pollution chimique de la lagune par les micropolluants organiques et minéraux. Celles-ci proviendraient plutôt des rejets industriels qui contiennent des substances toxiques (soude, acide, métaux lourds des ateliers métallurgiques, etc.), les polluants agricoles (pesticides) et l’activité portuaire ».
Pour Burgeap, « les produits utilisés dans le cadre de la campagne de démoustication » au niveau du district d’Abidjan, en Août 2006, peuvent être à l’origine des pertes en vie humaine et des cas d’intoxication enregistrés dans les hôpitaux.
« Les produits phytosanitaires utilisés pour le traitement des insecticides contiennent des composés organochlorés dégageant une forte odeur désagréable, voire toxique et que ces mêmes composés auraient été détectés dans certaines analyses des déchets », explique-t-on du côté des experts.
D'ailleurs, à l'époque, toutes les études réalisées par la Société de Distribution de l'Eau en Côte d’Ivoire (SODECI) faisaient ressortir que les déchets déversés ne présentaient pas un danger pour la consommation de l'eau, mieux que la nappe phréatique d'Abidjan n'est pas contaminée, quand on sait qu'après les pluies diluviennes de l'été 2006, l'eau de ruissellement s'était infiltrée dans le sous sol. L'émotion provoquée par le déversement des déchets toxiques avait en quelque sorte favorisée toute sorte de conclusion rapide sans analyse poussée et objective. Aujourd'hui que le temps a fait son effet, tout se précise.
Les copains d'abord?...
En ce qui concerne le choix de Biogenie, il convient de noter que cette société est reconnue mondialement pour les travaux de dépollution et de réhabilitation environnementale de sites pollués. Biogénie a acquis une réputation enviable dans ce secteur d’activité, fondée sur une capacité à offrir des solutions de dépollution adaptées aux besoins spécifiques.
Cette capacité découle d'une approche systématique des sites contaminés et de la maîtrise d’une large gamme de technologies et de procédés de dépollution. Cette compagnie créée en 1986 a réalisée des travaux similaires en Angleterre en 2005 notamment à Londres et dans le Sud de ce pays. Biogénie est également très active au Canada. Biogénie est un précurseur en ce qui concerne le développement et l’application à grande échelle de procédés de traitement biologique pour la dépollution de sites.
Biogénie possède un savoir-faire dans le traitement biologique du sol et des nappes souterraines contaminées.
Elle se distingue par sa capacité à traiter à l’aide de procédés biologiques une très large gamme de contaminants organiques, notamment les hydrocarbures pétroliers de hauts niveau de contamination comme le pétrole brut, l'essence, le diesel, le mazout, le créosote...
Environ Corporation a été fondé en 1982 à Washington, C.C, en tant que société privée qui fournit une large expertise dans les domaines liés à l'exposition humaine aux substances potentiellement dangereuses dans l'environnement. Environ est aussi spécialisé dans les consultances internationales en matière d'environnement et de sciences de la santé. Environ a des bureaux dans 50 pays du monde entier et dispose de deux bureaux en France précisément à Aix en Provence et à Paris. Le bureau de Paris est dirigé par Frédéric Hamilton qui a pour adjoints Réné Bonaz et Michel Guihlem, qui totalise plus de 22 ans d'expérience dans la consultance environnementale, appuyé d'une expertise pointue en chimie environnementale et dans l'exécution environnementale et professionnelle des programmes de sûreté et de santé, et d'audit environnemental. Enfin, c'est 25 ans d'expérience dans l'évaluation et le contrôle des risques potentiels liés au développement, à la production, à l'utilisation, et à la disposition des produits chimiques industriels. Ce sont donc trois compagnies aguerries qui feront les travaux d’évaluation du travail déjà réalisé, de l’impact environnemental et surtout de dépollution complémentaire.
Cette deuxième phase de l'opération est distincte de la première car toutes les conditions minimales ont été réunies par l'Etat et Trafigura contrairement à la première fois ou le choix de Trédi s'était fait dans la précipitation, pour soulager et apaiser les populations.
Dans la foulée, le Bureau National d'Etudes Techniques et de Developpement (BNETD) animera une conférence de presse autour du 24 septembre prochain pour annoncer la date exacte de cette deuxième phase de la dépollution et indiquera les sites concernés par cette opération d'envergure. Enfin, dans le cadre de cette deuxième phase de dépollution les déchets pourraient être traités sur place et non plus en France pour plus d'efficacité et de sécurité. Mieux, le matériel de haute pointe et la logistique seront rétrocédés à l'Etat de Côte d'Ivoire, une fois, l'opération terminée.
(Source des informations :Trafigura)
Mots-clés : Trafigura, Cote d'Ivoir, Abidjan, GDE, Guy Dauphin Environnement
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