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Lettre au Canard Enchainé

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La Ferrière Béchet le 30 juin 2023

 

René Hamel

Monsieur Alain Guédé,
Impasse de Bouzance
Livaie
61320 L’OREE-D’ECOUVES



Alain Guédé,

Vous aurez oublié, mais lorsque j’étais votre voisin à la Triblonnière, je vous avais envoyé deux courriers, tombés dans la poubelle de Bouzance, et quelques autres à votre rédaction, notoirement un concernant les tribulations de notre ancien Ministre du Budget et homme politique Alain Lambert subissant actuellement les foudres du Parquet Financier de Paris.

Je me souviens de vous à plus d’un titre :

  • À travers vos prestations dans le Canard Enchaîné, suivis avec attention.

  • Pour vos exploits en montagne avec Daniel Medici.

  • Pour quelques rencontres que vous avez tenues avec W.E. Dorizon, mon ami proche.

  • Pour avoir échangé une fois avec vous au droit du captage d’eau, et des risques de pollution, près de Bouzance.


Je suis lecteur du Canard depuis 70 ans (mon instit m’envoyait l’acheter et m’autorisait à le parcourir), et même aussi pendant mes « vacances sous les drapeaux » en Algérie en 1962.

Ayant le plaisir de lire, relire, disséquer le Canard, je suis surpris de l’orientation rédactionnelle et du parti-pris de certaines des productions.

Déjà la publication par votre journal, il y a quelques temps, d’une main courante « échappée » d’un commissariat de police mettant en cause « l’étoile montante de La France Insoumise » pour violence me semblait hors de vos champs rédactionnels coutumiers.

Je pense que votre journal fait fort avec les « marronniers mélenchoniques », Mélenchon, qui n’est pourtant pas tout à fait ma référence en politique, est mis en cause de manière intensive et suspecte de parti-pris. Bien qu’il sache très bien se défendre lui-même, je tiens à vous faire part de mon sentiment de lecteur de votre journal, même si vous n’en avez que faire…

Je passe sur les caricatures du même Mélenchon qui est figé ad mortem dans sa saine colère de la perquisition et son « la République c’est Moi » trituré à toutes les sauces, celle « du soutien aux soulevés de la Terre » de Delambre (c’est le propre de la caricature). Plus grave celle de la semaine dernière signée Kiro, où il est affublé de la barbe, du visage inquiétant et des oripeaux des islamistes assassins de Daech, est abject. Et plus grave un commentaire qu’on lui fait tenir : « et que l’on ne me dise pas que je m’adapte au prétendu grand remplacement ».

Ainsi vous entretenez l’amalgame et la confusion avec le vocable de l’extrême-droite de Le Pen et Zemmour. Vous prêtez ce propos du grand remplacement à Mélenchon. Comme parfois vos sources sont prises en défaut, pourriez-vous me tenir au fait de l’utilisation de cette même expression par Mélenchon, quand et où ?...


Dans le Canard du 28 Juin courant, dans l’édito d’Éric Emptaz (spécialement spéciale) en deuxième colonne, il est une nouvelle fois fait un amalgame tendancieux entre deux personnages politiques aux antipodes l’un de l’autre, même s’il est de fait constant de vouloir les rapprocher dans les journaux proches du pouvoir et de la droite fleurtant avec son extrême : « la discrétion remarquable de nos russophiles Mélenchon et Le Pen » dit Emptaz.

Le même Emptaz pourrait-il justifier de l’amalgame ? Mélenchon aurait-il serré la main de Poutine ? Aurait-il souscrit près de lui une contribution financière ? Cautionné les exactions commises par celui-là en Tchétchénie, en Crimée, en Ukraine ? Se serait-il tu lors des assassinats des opposants et des mises au goulag des dissidents ?

Ce confusionnisme entretenu, ces dessins où Mélenchon « drague les banlieues », ou l’encore « les extrêmes se rejoignent ». Tout cela dépasse me semble-t-il les limites du brocardage et de l’impertinence.


En ces temps où il semble nécessaire de faire des distinguos entre le supportable et l’abject, l’humour et l’indicible, nous attendions du Canard, qu’il aille à contrario des maintream et de leur dérive qui doit rappeler certains souvenirs à l’érudit que vous êtes, pour nous, nous sommes et serons vigilants ; il y a une quinzaine, nous étions en délégation à Couterne pour se souvenir ensemble de l’assassinat des frères Rosselli par la Cagoule le 9 juin 1937, et honorer leur mémoire.

Ce courrier sera envoyé à la rédaction du Canard Enchaîné, à son rédacteur-chef Éric Emptaz où bien sûr il trouvera un classement vertical, comme toujours. Lorsque Maurice et Jeanne Maréchal ont ressuscité l’Anastasie de Clemenceau en 1915 en créant le Canard devenu Enchaîné, pouvaient-ils imaginer que leur commensaux un siècle plus tard auraient à utiliser non les ciseaux, mais la corbeille à papiers ?

Recevez mes sentiments courtois

René HAMEL

Copie à :
E. Emptaz par courriel
Diffusion sur le Blog de Mediapart


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Commentaires

par Ceramikadrive le Jeudi 21/03/2024 à 20:22

 merci



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