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Yellow matters, forget red & blue!

Par Jean-Joseph BOILLOT. Un fan de Keynes et Hirschman dans son domaine mais aussi de Georges Orwell ou Oscar Wilde, ou encore de Henning Mankell pour leurs narrations du monde bien loin du schématisme des économistes orthodoxes nous fait partager son ressenti.

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Allez, sortons et regardons enfin ces couleurs jaunes d'automne aux variations infinies. Cette saison magique dure un bon mois entrecoupé de mauvais brouillard et d'anticyclones froids mais lumineux. Les mélèzes perdent leurs aiguilles et composent des tapis jaune ocre où se cachent les champignons Bai de saison. Mais chaque tonalité a son arbre.

Une véritable partie de cache-cache pour les curieux, le meilleur moment de l'année pour apprendre leur diversité. Les rouges sont pour les friandises grasses des oiseaux, comme les houx en avance d'un bon mois cette année, réchauffement climatique oblige. Que vont trouver à manger nos oiseaux en janvier ? Entre temps, les feuilles se ramassent à la pelle pour le compost ou couvrir les parcelles du jardin. Le meilleur engrais pour donner du tonus à ceux qui vont travailler tout l'hiver pour enrichir le sol de leurs déjections et l'aérer en le remuant dans tous les sens.

C'est bien assez pour oublier une semaine obsédée par le rouge et bleu. Jamais autant vu de posts sur cette élection américaine du genre "nous sommes tous..." après un attentat terroriste. Comme si nous étions tous appelés à voter, que nous étions tous électeur américain ? Il est vrai que nous sommes tous un peu sous l'empire de ce pays de fous avec la moitié des séries et films télé made in USA, y compris Arte, un peu comme dans les supermarchés pour le made in China. Le duopole sino-américain est en marche !

De ma campagne profonde je vois plutôt des rouges et des bleus qui se battent là-bas où les peuples indiens ont été exterminés au nom de la démocratie made in usa, comme elle n'a cessé de le faire aux quatre coins du monde au nom de la "liberté" pour mettre en place le système économique à l'origine du risque d'extinction des espèces, dont nous-mêmes.

Hiroshima et Nagasaki ce fut d'abord le grand démocrate Roosevelt sous l'emprise du lobby militaire, puis à sa mort en avril 1945, les petites mains du républicain Truman pour se passer de l'appui de Staline face au Japon. La course aux armements a ensuite été menée au nom de la Pax Americana et les guerres du Vietnam, d'Afghanistan, d'Iran ou d'Irak et d’ailleurs ont été pilotées par les deux camps confondus.

Bon débarras Trump oui, dans ses excès de joueur de Poker, de requin immobilier, de réactionnaire raciste. Mais on peut rester dans l'embarras avec ce drôle de système du 50+1 qui jette les 49 restant dans les oubliettes, ce système de la "liberté du choix" mais surtout pas l'autre choix, ce qui rappelle l'élimination du conservateur Fillon par le "démocrate" Macron avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui.

Beaucoup ont oublié avoir contesté l'élection de Trump et sa légitimité dès le début dans la rue, puis très rapidement au parlement pour impeachment par une démocrate Pelosi aussi hystérique dans ses déclarations que Trump. 4 ans de procédures vécues par la moitié des Américains, plutôt provinciaux, blancs, catho et middle-class, comme leur déni. Poutine, Xi Jinping, Erdogan ou Modi ne peuvent que sourire aux leçons de démocratie qui suppose au moins l'alternance. Étranges démocrates qui ont passé toute la semaine à se comporter comme leurs adversaires...

D'autant que le système politique américain est celui d'un establishment à la manœuvre avec une démocratie à coup de milliards de dollars (13 cette fois, record absolu) et donc de renvoi d'ascenseur aux sponsors et lobbies, et notamment les GAFAM et le puissant complexe militaro industriel. Celui-là même qui a fait faire la guerre dans le monde entier au gentil Obama qui n'a jamais fermé Guantanamo ou cessé de pourchasser Edgar Snowden, Assange etc... Donc prudence. Big Brother veille, il se pourrait que le grand gagnant de cette élection soit les Facebook, Google etc. qui étaient l'objet d'une enquête parlementaire pour monopole et donc les démanteler. Parions que tout ça va s’arrêter !

La démocratie américaine mérite le qualificatif que lui prête le grand journaliste Fareed Zakaria : une "démocratie illibérale". Un livre à lire et relire puisque cette élection en est une nouvelle fois la preuve. Étonnant d'entendre par exemple autant d'éloges sur CNN, la bfm américaine, celle qui est toujours aux premières loges dans les chars d'assaut ou les chasseurs militaires US aux quatre coins du monde.

Aux Européens de faire vivre une démocratie authentique et de se donner les moyens d'une autonomie de puissance. L'américanophilie si forte en France explique largement pourquoi cette Europe ne voit pas le jour.

Elle supposerait de composer avec le modèle de nos amis Allemands et nordiques. Or faites le test. Aucun de nos américanophiles ne parle ces langues, Macron en premier, incapable de répondre en allemand à Merkel qui lui parle en français. Il y a des dizaines de journalistes français permanents aux USA, une poignée outre-Rhin et au nord, des centaines pour les élections américaines, aucun en Allemagne ou tout autre pays européen en élection. La direction française de la chaîne franco-allemande Arte passe plus de films américains qu'européens, dont encore de stupides westerns des années 50 et des soi-disant chefs-d'œuvre hollywoodiens comme Ben-Hur ou Autant en emporte le vent, mais oui mais oui...

Allez, préférons les vraies feuilles de châtaigner emportées par le vent !


Avec l’aimable autorisation de l’auteur :

Jean-Joseph Boilot

"Tout à la fois Globe-trotteur de la planète, rat de bibliothèque et fou de statistiques pour décrypter les grandes tendances à venir de l'économie mondiale, Jean-Joseph Boillot est professeur agrégé de sciences sociales et docteur en économie du développement."


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