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L’islamo-gauchisme : une fable ; L’islamo-affairisme : une réalité

Texte reproduit avec l'aimable autorisation de son auteur : François Tollot (Alençon - 61)

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« Quand les hommes ne veulent plus changer les choses, ils changent les mots. » écrivait déjà Jean Jaurès.

Le terme « islamo-gauchisme » est une création imaginaire, sans fondement scientifique, une expression qui allie deux mots de sens contradictoires. Ce serait la convergence, voire la complicité, entres intégristes musulmans et forces de gauche. Si le propos manque de cohérence, l’intention peut être dévastatrice.  Elle vise à unir celles et ceux qui veulent stigmatiser l’ensemble des musulmans, s’opposer à la gauche, délégitimer les sciences sociales et la recherche universitaire, réhabiliter le passé colonial. L’enquête diligentée par Frédérique Vidal s’apparente à la levée d’une police des idées. « Liberté, j’écris ton nom » proclamait Eluard !

Les personnes qui prétendent pointer la responsabilité des dits « gauchistes », très souvent non-croyants, dans la montée d’une religion sont parfois celles dont les prises de position religieuses contribuent à affaiblir la laïcité. Exemples : Nicolas Sarkozy déplorant dans son discours à Latran que l’instituteur ne puisse « remplacer le curé ou le pasteur » ; Emmanuel Macron proposant au collège des Bernardins de réparer « le lien abimé entre l’Eglise catholique et l’Etat. ».

S’il y a des complaisances à regarder, qu’on se penche plutôt sur les liens entre nos gouvernements et les pétromonarchies du Golfe. La France et la Grande-Bretagne, sous couvert de l’OTAN, ont bombardé la Lybie, tué Kadhafi, ce qui a engendré la situation actuelle dans l’Afrique subsaharienne. La France accueille à flot les fonds du Qatar. Elle a de bonnes relations commerciales (ventes d’armes par exemple) avec l’Arabie Saoudite dont on dit qu’elle finance l’État Islamique, les écoles coraniques dans le monde... Ce dont nous souffrons n’est pas de « l’islamo-gauchisme » mais de « l’islamo-affairisme ».

La menace terroriste existe et doit être combattue quel que soit l’extrémisme d’où elle vient. Mais ça ne permet pas d’infliger une punition collective qui met à l’index une communauté toute entière. On ne fermerait pas l’église parce qu’il y aurait un curé pédophile.

La matrice idéologique des politiques libérales, portées à leur paroxysme avec le « macronisme », nous conduit à une grave crise économique et sociale : 6 à 7 millions de chômeurs, 9 millions de pauvres, 25 % du patrimoine détenu par 1 % de la population, précarité un peu partout notamment chez les jeunes pour travailler, étudier, se loger, se nourrir, délocalisations et désindustrialisation, dépendance sanitaire, …

Jean Jaurès écrivait : « la République doit être laïque et sociale, mais restera laïque parce qu’elle saura être sociale. ». Plus que les discours fumeux, nous avons besoin d’un plan global pour que tous les citoyens quelles que soient leurs croyance ou non croyance, jouissent des mêmes droits au logement, à la santé, à l’emploi, à la culture. C’est le combat des forces de gauche et cela doit susciter des débats en toute démocratie. Les forces de droite et d’extrême-droite, toutes sur le même schéma libéral, ne veulent pas de ce débat et préfèrent égarer la population dans des échanges poisseux comme ceux de Gérald Darmanin avec Marine Le Pen qui représentent les deux faces d’une même médaille.

Ces accusations « d’islamo-gauchisme » rappellent l’entre-deux-guerres où les communistes étaient traités de « judéo-bolcheviques ».

Le prétendu rempart macroniste à l’extrême droite apparait chaque jour davantage pour ce qu’il est : un marchepied.

 

François Tollot


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