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"Coup de gueule"

L'affaire GDE-TRAFIGURA

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EXPORTATION DES DECHETS

 

L'actualité:

Une catastrophe sanitaire "sans précédent" en Côte d'ivoire :

Un navire battant pavillon panaméen le Probo Koala, chargé théoriquement de "slop" ( résidus de pétrole) a, en fait, déversé plus de 500 tonnes de déchets hautement toxiques sur 7 sites de la capitale Abidjan. Ce bateau avait été refoulé de Guinée, du Libéria, de la Sierra Leone et du Nigéria.

La presse, et  "le Monde" en particulier, nous apprennent que cette cargaison devait être traitée courant juillet à Amsterdam. Théo Smit, Directeur de la société de traitement des déchets Amsterdam Port Service, notant la présence de "composés inhabituels"... en fait de l'hydrogène sulfuré, de la soude et de mercaptan a refusé de vidanger les cuves.

Le coût du traitement devenant prohibitif pour la société TRAFIGURA décida de continuer son périple. Chargeant des produits pétroliers en ESTONIE pour les livrer en Afrique. TRAFIGURA décide alors de se débarrasser à bon compte de ces déchets. La cargaison principale ayant bien été livrée au Nigéria, les déchets toxiques ont donc été vidangés à Abidjan.

A ce jour, 500 000 personnes sont évacuées de la zône incriminée, au moins six sont décédées, plusieurs milliers sont intoxiquées. La société affrétant le navire TRAFIGURA est "prête à venir en aide".
Cette société TRAFIGURA Beheer BV fait pour le moins preuve de cynisme, comme le remarque Jim Puckett coordonnateur du Basel Action Network (BAN) qui lutte contre le trafic de déchets : "cette multinationale ne peut être naïve au point de croire que la Côte d'Ivoire dispose des moyens nécessaires de traitement".

l'Association Robin des Bois parle de ""brigandage" dans un souci d'économies, l'hypothèse selon laquelle des déchets liquides ou pâteux auraient pu être amalgamés aux résidus de cargaison afin d'échapper à la Convention de Bâle ne peut être exclue".

L'opposition ivoirienne implique la femme du président Gbagbo. Elle serait directement partie prenante dans la société ivoirienne Tommy qui a accueilli les déchets à Abidjan. Cette opposition affirme "que les principaux responsables : Marcel GOSSIO (directeur du port autonome serait en Espagne depuis le 8 septembre), Mrs Koné et le Directeur de l'Environnement seraient également en mission à l'étranger".

A ce jour, aucun n'aurait regagné la Côte d'Ivoire, seuls des "lampistes" ont été arrêtés.

 

Pourquoi évoquer cet évènement qui se passe si loin de France et de la Normandie ?...

Pour au moins deux raisons :

  1. Dans nos décharges, il y a quelques années, le procédé bien qu'illégal était fréquent (Montchanin a défrayé la chronique). D'autres enquêtes en cours montreront peut être que notre belle Normandie était aussi victime de tels agissements. Les contrôles s'étant durcis au fil de l'évolution réglementaire et du changement d'exploitants, il est raisonnable de croire que nos déchets dangereux ont dans un premier temps "émigré"  vers les anciens pays du bloc soviétiques : Pologne, Roumanie, Hongrie...  La vigilance de l'UE et du BAN s'étant accrue, les pays d'Afrique et d'Amérique du Sud se sont imposés comme "dépotoirs" grâce à la duplicité et à la corruption. Le PNUE (programme national pour l'environnement) évalue en 2005 la quantité de déchets exportés à près de 10 Millions de tonnes : "mais nous n'avons aucune idée du trafic illicite effectué par le crime organisé. Ce que cela rapporte, se chiffre en millards de dollars" dixit le PNUE.

     
  2. L'élargissement de l'Europe aux pays de l'Est et la mondialisation ont permis l'émergence de sociétés de courtage, de transports, de gestion, de traitement de métaux et de déchets issus ou non du pétrole. Plusieurs sociétés françaises se sont engouffrés dans ce créneau extrêmement rentable, les réglementations étant moins contraignantes dans ces pays émergeants.

L'une d'elle nous interpelle : Guy Dauphin Environnement. Cette petite entreprise normande de collecte de chiffons, peaux, ferrailles et métaux est devenue en quelques années une multinatioale du traitement, de la collecte de métaux et déchets divers et de courtage de produits pétroliers et issues.

C'est tout à l'honneur de cette entreprise dynamique qui exploite via ECORE et MALCO, des sites de collecte et de traitement de métaux et de déchets en Roumanie, Hongrie et Turquie. Un site internet, inaccessible depuis les évènements de Côte d'Ivoire, établirait des passerelles voire un siège au Conseil d'Administration de la société TRAFIGURA.

C'est cette société qui est mise en cause dans l'affaire d'Abidjan.

Si ces responsabilités se confirmaient par les enquêtes en cours, l'image de Guy Dauphin Environnement - ECORE - MALCO, sociétés soucieuses d'éthiques, volontiers donneuses de leçons sur la nécessaire préservation et la protection d'autrui et de son environnement, serait inévitablement mise à mal. Sans faire d'amalgame hatif, quelle crédibilité devrions nous apporter aux documents somptueux qui apparaîtraient à contrario des pratiques du groupe?...

Nous sommes d'autant plus concernés que GDE dépose prochainement un dossier de centre de traitement de métaux et un centre d'enfouissement de déchets banals et de refus de broyage d'automobiles à Nonant le Pin 61.

Les multiples sociétés du groupe constituant une nébuleuse complexe : de transport, de courtage, de traitement ne plaident pas pour une transparence des apports sur ce site. Qui peut nous garantir, même si l'encadrement réglementaire est plus strict en France, qu'à terme, à Nonant le Pin, des déchets ne viendraient pas d'autres départements, d'autres régions, d'autres sites industriels, avec les risques conjoints difficilement appréciables.

Lien : http://www.robindesbois.org/


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