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APROCHIM à Grez-en-Bouère

Explosion, incendie, Pollution nouvelle et cynisme habituel

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APROCHIM à Grez-en-Bouère,

 

Explosion, incendie, Pollution nouvelle et cynisme habituel


À Grez-en-Bouère, en Mayenne, APROCHIM filiale de CHIMIREC est pointée du doigt pour sa pollution depuis 2011. Cette entreprise dépollue les transformateurs d’EDF. La cuve de ces transformateurs contient un produit chimique toxique, le PCB ou pyralène, répertorié comme cancérogène par l’OMS. Le produit est susceptible de provoquer chez l’homme des perturbations neurologiques (vertiges, troubles de la mémoire) et intestinales, des irritations cutanées et oculaires, mais aussi des cancers du foie et de l’appareil digestif. Le PCB s’accumule dans les graisses de l’organisme et est très difficilement éliminé. L’usage du pyralène est interdit depuis 1987, mais il faudra encore des années pour se débarrasser des appareils électriques qui en contiennent.

Annick et Hubert Jouin étaient éleveurs bovins et produisaient du lait à Grez-en-Bouère, en Mayenne à proximité de l’usine. « Notre troupeau a été euthanasié le 20 novembre 2011, à cause de la pollution au PCB provoquée par Aprochim ». La passivité des services de contrôle DRIRE-DREAL a abouti à cette éradication de troupeau, car la pollution était dénoncée sans succès depuis quelques années. APROCHIM a indemnisé mais pas reconnu la pollution. Le président d’une association reconnue de protection de l’environnement, conseiller technique de l’entreprise mettra même en cause les « brûlis » effectués par les agriculteurs de la région…

D’autres pollutions avérées chez les riverains amèneront la DRIRE à prendre des mesures, mais à chaque fois, APROCHIM a un temps d’avance dans les pollutions si bien que les services de l’Etat font du suivisme.

Un autre agriculteur à 800 mètres de l’usine subissait la pollution. Joseph Gaudin, membre de l’association Terre et vie d’Anjou, y élevait des chèvres : « Avec leur lait, je faisais des fromages en vente directe. J’ai même eu une médaille d’or. Mais voilà, mon exploitation est à 800 mètres d’Aprochim, et mes clients n’achetaient plus. »

Des retraités n’osaient plus consommer poules et œufs. La toute-puissance de l’entreprise APROCHIM et le manque de réactivité des pouvoirs publics les dissuadèrent de déposer plainte.

Au final, 14 exploitants furent touchés depuis que la pollution de l’environnement aux abords d’Aprochim avait été dévoilée, en janvier 2011. Le lait des agriculteurs locaux contenait un taux de PCB le rendant impropre à la consommation. Quatre cents bovins furent euthanasiés en 2011 et 2012. Depuis, seulement quatre éleveurs auraient été partiellement indemnisés. Un temps, le directeur général de Chimirec a affirmé que l’entreprise n’avait pas les moyens d’indemniser toutes les victimes…

Pendant plusieurs années les défauts de ventilation à l’intérieur de l’usine ont intoxiqué plusieurs travailleurs, qui ont déposé plainte, un seul a osé témoigner. Des filtres ont été posés dans les cheminées d’évacuation des gaz, pourtant la DREAL a relevé plusieurs dépassements importants. La dangerosité du PCB est pourtant établie et ne souffre aucune controverse en 2013, sur la base d'indications suffisantes de cancérogénicité chez l'homme et chez l'animal, le CIRC a classé les PCBs comme cancérogènes certains pour l'Homme…

La valse des directeurs, la communication outrancière, l’embauche d’un président d’une association environnementale notoire comme consultant et les pseudo-certifications n’y changent rien, le cynisme prédomine. APROCHIM pollue toujours. Par exemple, pour justifier l’amélioration des conditions du travail, il est dit que « les derniers embauchés ont des analyses de sang normales… ».

Le plan com du nouveau directeur vient d’être battu en brèche, alors qu’il s’apprêtait à communiquer sur les bonnes intentions de l’entreprise. Ce vendredi 13 octobre, vers 3 heures, une explosion est survenue sur le site Aprochim de Grez-en-Bouère. Un incendie s'est ensuite déclaré.  « Un incendie rapidement maîtrisé par les services d'incendie et de secours », explique la préfecture de la Mayenne.


Les gendarmes et la police scientifique sont intervenus ce matin chez Aprochim. (©Les Nouvelles de Sablé)

« Ce sinistre s'est produit au niveau d'une des six enceintes de traitement visant à décontaminer les déchets contaminés aux Polychlorobiphényles (PCB) », poursuit la préfecture.

Le site Aprochim est classé Seveso. Les services de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) se sont rendus sur place pour réaliser une inspection sur site. Le préfet va signer en urgence un arrêté préfectoral visant à conditionner le redémarrage des installation concernées par l'accident. Un rapport de l'accident sera rédigé par l'industriel…

« Il n'y a pas d'effet immédiat pour la santé des riverains, prévient la préfecture. Des prélèvements vont toutefois être réalisés sur les herbes dans l'environnement de l'établissement pour vérifier l'absence d'impact sur les productions agricoles par les fumées générées par l'incendie. »

« Pas d'effet immédiat pour la santé des riverains ». Tout le jésuitisme de la DREAL est dans : « immédiat » …

Vous avez dit cynisme ? …

Le même soir à 20h30
l
e nouveau directeur du site a présenté les travaux réalisés cette année au sein de l’entreprise : « Notre objectif, c’est de parler en toute transparence. C’est pour ça que je suis là. » Changement de ton chez Aprochim. Le nouveau directeur du site de Grez-en-Bouère, Florent Mancini, a répondu favorablement à l’invitation de l’association Terre et Vie d’Anjou, lors de l’assemblée générale. Cette association lutte contre l’arrêt de la pollution aux polychlorobiphényles (PCB) provoquée par l’usine du groupe Chimirec, spécialisée dans la collecte et le retraitement de déchets industriels contaminés par ce polluant.

C’est en janvier 2011 que la préfecture de la Mayenne a révélé une contamination aux PCB sur le voisinage de l’usine Aprochim. L’entreprise a été contrainte de baisser sa production « et à enfin financer de grands travaux pour lutter contre les émissions canalisées par la cheminée, puis contre les émissions diffuses », souligne aimablement Joseph Gaudin, président de Terre et vie d’Anjou.

« Tendre vers zéro ». Vendredi soir, devant une quarantaine de personnes, des riverains de l’usine essentiellement, Florent Mancini a donc exposé les travaux réalisés depuis septembre 2016. Des travaux de « confinement des bâtiments pour qu’ils soient étanches ont été faits. L’étanchéité de la toiture et des sols des halles a été renforcée. L’une des portes a été condamnée par un bardage », énumère le directeur.

À l’extérieur, un chemin d’accès pour contourner le site a été créé et « un camion a été acheté pour le transfert des cuves entre les bâtiments. Il chargera plus de matière donc il y aura moins d’ouverture de porte sur l’extérieur », explique Florent Mancini, qui a répondu sans détour aux questions des riverains.

Concernant la captation des polluants et leur traitement, l’usine utilise un traitement sur charbon actif. « On veut maîtriser les diffus au maximum et tendre vers zéro », poursuit Florent Mancini, qui précise que « cinq machines pour analyser l’air pour déterminer la quantité de diffus vont bientôt être mises en place. » Une lagune pour filtrer les particules va aussi être créée en novembre.

Un directeur qui promet, une DREAL qui rassure, et au final, un président d’association confiant

Dormez, bonnes gens


René Hamel, rédacteur de service


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